"La France était la nourricière
Des grands, des prêtres et des rois,
Qui du peuple trop débonnaire
Avaient usurpé tous les droits.
Mais un beau jour, las de ces traîtres
Le Peuple faisont son devoir,
Ne voulut plus avoir
Ni grands, ni rois, ni prêtres,
Il recouvra la Liberté,
Les Mœurs et la Gaîté.
Les rois, les prêtres se fachèrent,
Mais le peuple tint toujours bon,
Chez les tyrans ils cabalèrent,
Nous menaçant de leur canon.
Mais pour combattre tous ces traîtres,
Le Peuple entier se rassemblant
Mena tambour battant
Les grands, les rois, les prêtres,
Et conserva sa Liberté,
Ses Mœurs et sa Gaîté.
Un grand ministre britannique,
Qu'on nomme l'empoisonneur Pitt,
Voulut du monstre fanatique
Chez nous ressusciter l'esprit.
Mais malgré le nombre des traîtres
Que contre nous il soudoya,
Le peuple renvoya
Les grands, les rois, les prêtres,
En conservant sa Liberté,
Ses Mœurs et sa Gaîté.
Les agens de Pitt à la ronde
Avaient su répandre en tout lieu
Que les Français, rebut du monde,
Venaient de renoncer à Dieu.
Mais le Français, malgré ces traîtres,
Rendit dans un jour solemnel
Hommage à l'Éternel,
Sans grands, ni rois, ni prêtres,
Tout en chantant la Liberté,
Les Mœurs et la Gaîté.
Peuples qui nous faites la guerre,
Quand ouvrirez-vous donc les yeux?
Quoi, votre sang rougit la terre
Pour les despotes odieux!
L'homme ne peut avoir des maîtres,
Il ne doit pas se dégrader,
Chassez donc sans tarder
Vos grands, vos rois, vos prêtres,
Et recouvrez la Liberté,
Les Mœurs et la Gaîté."