Maintenant revenons aux Saturnales. La religion défend de commencer la guerre durant ces fêtes; et on ne pourrait, sans expiation, supplicier en ces jours un criminel. Au temps de nos ancêtres, les Saturnales furent limitées à un jour, qui était le 14 des calendes de janvier; mais depuis que C. César eut ajouté deux jours à ce mois, on commença à les célébrer dès le 16. Il arriva de là que le commun des gens ne se trouvait pas fixé sur le jour précis des Saturnales. Les uns les célébraient suivant l'addition de César, les autres suivant l'ancien usage; ce qui les faisait prolonger durant plusieurs jours. C'était d'ailleurs une opinion reçue chez les anciens, que les Saturnales duraient sept jours; si toutefois il est permis de qualifier de simple opinion ce qui est appuyé sur l'autorité des meilleurs auteurs. En effet, Novius, auteur très estimé d'Atellanes dit : « Les sept jours des Saturnales, longtemps attendus, arrivent enfin. »
Memmius, qui ressuscita la comédie atellane, longtemps perdue après Novius et Pomponius, dit aussi: « Nos ancêtres instituèrent fort bien une foule de choses: ce qu'ils ont fait de mieux, c'est de fixer durant les plus grands froids les sept jours des Saturnales ».
Cependant Mallius rapporte que ceux qui, comme nous l'avons dit plus haut, se placèrent sous la protection du nom et du culte de Saturne, instituèrent trois jours de fêtes, qu'ils appelèrent Saturnales: « c'est pourquoi », dit-il, « Auguste, conformément à cette opinion, ordonna, dans ses lois judiciaires, de les férier pendant trois jours ». Masurius et d'autres ont cru que les Saturnales ne durent qu'un jour, savoir, le 14 des calendes de janvier. Fenestella confirme cette opinion, en disant que la vestale Aemilia fut condamnée le 15 des calendes de janvier, jour pendant lequel on n'aurait pas même plaidé une cause, si l'on eût célébré les Saturnales. Il ajoute immédiatement : « Les Saturnales suivaient ce jour »; et bientôt après: « Le surlendemain, qui était le 13 des calendes de janvier, la vestale Licinia fut citée pour être jugée ». Par où il montre que le 13 des calendes est un jour non férié. Le 12 des calendes de janvier, c'est la fête de la déesse Angeronia, à laquelle les pontifes sacrifient dans le temple de Volupia. Verrius Flaccus fait venir son nom Angeronia, de ce qu'elle délivre des angoisses (angores) et des inquiétudes de l'âme ceux qui se la rendent propice. Masurius ajoute que la statue de cette déesse est placée sur l'autel de Volupia, la bouche liée et scellée; parce que ceux qui dissimulent leurs douleurs physiques et morales parviennent, par le bénéfice de la patience, à une grande félicité. Julius Modestus dit qu'on sacrifie à cette divinité, parce que le peuple romain fut délivré, par un voeu qu'il lui adressa, de la maladie appelée angina (esquinancie). Le 11 des calendes (de janvier) est consacré à la fête des Lares, auxquels le préteur Émillus Régillus, pendant la guerre contre Antiochus, fit voeu d'élever un temple dans le champ de Mars. Au 10 des calendes sont fixées les féries de Jupiter, appelées Larentinales, sur lesquelles, puisqu'il m'est permis de m'étendre, voici les diverses opinions.